BIOGRAPHIE DE CHEIKH ABOUL FATIHI WA NADJA

BIOGRAPHIE

 

1-    Généalogie

Cheikh El Hadj Youssouf TALL, fils d’Aboubakr Moussa, fils de Moussa Rouré, fils d’Ibrahim, fils de Boubou, fils de Maoundé, fils d’Amtari, fils de Belan, fils de Sambo fils, fils de Tôrôdô est de la tribu des Tôrôbè et de la famille TALL. Son Cheikh (Cheikh Mohammad Al Mâhi HAÏDARA) l’a surnommé Aboul Fatihi Wa Nadja (c’est-à-dire « le père de l’ouverture et du succès »). Sa mère est Hadja Mariam TALL, fille d’Omar.

 

2-    Naissance

Le Cheikh est né dans le village de Todiam (province du Loroum, région du Nord – Burkina Faso –) en mi-châban la nuit du lundi à l’aube (fajr) à l’an 1342 de l’hégire (1923 du calendrier grégorien).

 

3-    Études

Il a évolué d’abord dans son village à Todiam. Son père est décédé lorsqu’il avait l’âge de douze (12) ans.  Il commença les études coraniques auprès de Maître El Hadj Monré Djamsé. Plus tard, il se rendit à Djelgodji où il fut l’élève de Mohammad Moussa.  Ce dernier lui enseigna la syntaxe arabe, le tafsir (commentaire du saint Coran). L’aventure intellectuelle du Cheikh se poursuivit au Mali où il reçut l’enseignement d’Alpha Kôladô en fiqh (jurisprudence islamique).

 

4-    Pèlerinage

Vers 1951, le Cheikh se rendit par la route à la Mecque pour accomplir le pèlerinage. Ce voyage fut très déterminant : il induira un changement radical dans sa vie. En effet, c’est à cette occasion que Cheikh Aboul Fatihi Wa Nadja rencontra pour la première fois celui qui serait pour lui un maître spirituel et l’un des exemples achevé des awliya (amis de Dieu) : Cheikh El Hadj Ibrahim NIASS de Kaolak. Alors qu’il était assis à la Ka’aba avec un de ses compagnons, le Cheikh vit Cheick Ibrahim NIASS faire son entrée, suivit d’un long cortège. Tout le monde se leva pour accueillir et saluer Cheikh Ibrahim. Surpris, le Cheikh demanda à son compagnon : « Qui est cet homme ? » Ce dernier rétorqua : « Tu ne prétends pas venir d’Afrique de l’Ouest ? Et tu ne connais pas cet homme ? C’est Cheikh Ibrahim NIASS de Kaolak. » Cheikh Aboul Fatihi Wa Nadja venait ainsi de retrouver ce qu’il avait perdu.

 

5-    Cheminement

De son retour du hadj (cinquième pilier de l’islam), il décida d’accomplir le pèlerinage intérieur. C’est ainsi que sa quête de l’Ihsan (excellence dans la foi ou intériorisation de la foi) le conduisit à Kaolak au Sénégal. Son objectif : rencontrer le possesseur de la faydat tidjania pour recevoir la tarbiya (éducation spirituelle). Après un séjour à Kaolak, il est envoyé par Cheikh Ibrahim NIASS au Mali pour parachever la tarbiya auprès d’un des khalifes de ce dernier : Cheikh Chérif Mohammad Al Mâhi HAÏDARA, à Ségou au Mali.  Le khalife le reçut avec amour et sagesse, le forma comme il fallait et lui indiqua le chemin à suivre pour aboutir à Allah (exalté soit-Il). Cheikh Chérif Mohammad Al Mâhi HAÏDARA le nomma mouqaddam et khalife de l’école soufie de la faydat tidjania en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), chargé d’un bagage intellectuel pour parler à l’intellect selon la charia et d’un bagage spirituel pour parler au cœur selon la tariqa (voie).

Par la suite, Cheikh Aboul Fatihi Wa Nadja s’installa à Todiam (son village natal) où il s’adonna à l’enseignement des sciences coraniques et à l’appel à l’école spirituelle de la faydat tidjania. C’est ainsi qu’il fit savoir aux amoureux du Divin ce que signifient d’abord la charia de la charia, la tariqa de la charia et la haqiqa de la charia ; ensuite, la charia de la tariqa, la tariqa de la tariqa, la haqiqa de la tariqa ; et enfin la charia de la haqiqa, la tariqa de la haqiqa et la haqiqa de la haqiqa. Il eut de nombreux disciples au Burkina Faso comme à l’étranger.

 

6-    Caractère

Nous ne pouvons parler du « père de l’ouverture et du succès » en si peu de lignes. Pour sa modestie, il suffit de voir sa chambre à Todiam : son domicile en dit long sur sa vie ; une vie comblée de bienfaits tant envers ceux qui l’aimaient qu’envers ce qui ne l’aimaient pas (pour ne pas dire ses détracteurs). C’est ainsi qu’il jour un homme vint à lui, demandant du mil. Sans hésiter, le Cheikh envoya un proche aller chercher du mil dans le grenier pour l’intéressé. Surpris de l’attitude du maître, quelqu’un lui rappela : « Cet homme est l’un de tes pires ennemis dans ce village. Il ne t’aime pas ! » Le Cheikh lui répondit en ces termes : « Il ne m’aime pas certes mais il aime le mil ! » et l’homme fut servi. C’est cela être avec Allah à tout instant et vivre parmi les hommes au moment. Dévoué dans l’adoration de l’Unique sans associé, son comportement était toujours conforme au Coran et à la sunna du Prophète Mohammed (SAW). Il fut l’une des grandes figures de la faydat tidjania au pays des hommes intègres.

 

La maison de Cheikh Aboul Fatifi Wa Nadja à Todiam

 La maison de Cheikh Aboul Fatifi Wa Nadja à Todiam

7-    Disparition

Quiconque ne bénéficie du pardon du Très haut peut-il vraiment bénéficier de sa miséricorde ? assurément pas. C’est par la grâce de Lui Allah, qu’après la première décade du mois de ramadan (la décade du pardon), au premier jour de la décade de la miséricorde, aux environs de 03 heures 45 minutes (vendredi 14 octobre 2005) que le soleil (Cheikh Aboul Fatihi Wa Nadja) s’est couché au Centre hospitalier régional de Ouahigouya des suites de maladie. La dépouille mortelle fut ramenée dans son village natal où il fut inhumé après la prière de djoumat (vendredi) devant sa mosquée. Parmi ses compagnons, l’on peut citer feu Cheikh El Hadj Yacouba SAWADOGO de Ouahigouya et feu Cheikh El Hadj Issa GNAGANE (qu’Allah soit satisfait d’eux).

 À l’âge de quatre-vingt deux (82) ans, Cheikh El Hadj Youssouf TALL (Aboul Fatihi Wa Nadja) de Todiam rejoignit ses maîtres tels Cheikh Ahmed Tidjani Chérif de Fèz, Cheikh Ibrahim NIASS de Kaolak et Mohammad Al Mâhi HAÏDARA de Ségou (qu’Allah soit satisfait d’eux). Le décès du Cheikh est un signe pour ceux qui méditent. Retourner auprès de son Seigneur en un jour béni, dans le mois béni et au début de la décade de la miséricorde de Dieu ! Tel est le souhait de tout mouride car cela n’est pas donné à n’importe qui. Depuis, Cheikh Mohammad Moustapha TALL (son héritier spirituel) assure sa succession : c'est le khalife actuel. 

Puisse Dieu nous assister dans notre quête mystique et que nous soyons des gouttes d’eau qui rejoindrons l’océan divin ! En effet, lorsqu’il pleut, toutes les gouttes d’eau ne tombent pas dans l’océan. Certaines tarissent dans le désert : « Ilmul yaqin » (connaissance de la certitude). D’autres tombent en pleine forêt : « Aynul yaqin » (œil de la certitude). D’autres encore tombent dans l’océan : « haqul yaqin » (vérité de la certitude). Et nous voulons suivre les pas de la vérité de la certitude.